►Enfants de la Vienne, jeunes Ponticauds, Nous sommes les fils de cette race fière, campés sur les bords de la belle rivière .
►Aux deux saisons des pluies (printemps et automne), les rivières du Limousin et particulièrement le Taurion et la Vienne en amont du pont Saint-Étienne se couvraient de bûches pour alimenter notre ville en bois de construction et surtout de chauff age. Un trafic immémorial qui faisait vivre le quartier du Naveix et auquel mit brutalement fin le chemin de fer.
C'est la question que vous vous êtes peut être posé en vous promenant sur les bords de Vienne. Eh bien, cette maison c'est l'un des bureaux de l'octroi de la Ville ou péage pour les marchandises !
Celui ci , c'était l'octroi des "naveteaux", travailleurs qui convoyaient et réceptionnaient au port du Naveix les bois flottés en provenance de la montagne limousine. Ceux ci alimentaient les fours à porcelaine au 19ème siècle et aussi les populations en bois de chauffage. On payait alors un droit à l'octroi à la commune pour utiliser ensuite le bois. Le droit d'octroi a été aboli en 1943, et le bureau de l'octroi délaissé.
À la fin des années 90, sur demande de plusieurs associations défendant ce patrimoine limougeaud, la municipalité a fait procéder à la restauration de l'extérieur. À l'avenir, quand vos pas vous conduiront sur les bords de Vienne , en passant devant ce petit bâtiment, ayez une pensée pour tous ces travailleurs du bois qui ont fait la renommée de notre porcelaine !(source archives municipales de Limoges page facebook)
Mais aussi : Pendant des siècles, aux portes des villes, les commerçants ont payé l'octroi sur les marchandises importées. Cet impôt, honni par l'opinion publique et qui fit longtemps débat sur les bancs de l'Assemblée nationale, fut une manne considérable pour les revenus communaux. L'octroi ne se trouvait pas que sur l'eau, mais partout à l'entrée des villes.
► La Vierge de l'Abau :
En coin de l'auberge de la crotte de poule, il y avait une niche dans un mur. Dans cette niche se trouvait la Vierge de l'Abau. C'était au19eme siècle, Cette Vierge est sans doute restée en place jusqu'au début du 20eme.
Pour commencer regardons une aquarelle de Paul-Laurent Courtot datant de 1899 représentant cette Vierge.
Cette aquarelle - Archives municipale 21Fi127 - nous montre bien ce qu'était ce petit monument. Mais Vierge de l'abau ? Quelle signification ?
Pour comprendre, souvenons-nous qu'à cette époque la pricipale activité du Port du Naveix était la reception du bois sur la Vienne, le flottage du bois, arrété par les ramiers, guidé et récupéré par les naveteaux, les flotteurs de bois.
Abaux - Abaû - Abau - Abal .On retrouve ces différentes écritures sur plusieurs documents dans différentes régions, chez-nous c'est ABAU qui semble retenu. Alors qu'est-ce que l'Abau, l'Abal ? C'était tout simplement une mesure servant à cuber le bois arrivant sur la rivière, un étalon. Le cubage variera selon les époques allant jusqu'à 16 stères.
La Vierge de l'Abau était donc dédiée, devouée aux activités et aux travailleurs du bois sur le Port de Naveix. Qu'est-elle devenue ? Est-elle dans un musée, dans les réserves de ceux-ci ? A-t-elle était détruite comme beaucoup d'autres à Limoges lors des émeutes de 1905 ?
En tout cas, Merci à monsieur Toulet de l'association Renaissance du vieux Limoges pour les renseignements sur cette Vierge de l'abau.
Une lithographie que m'a dédicacé l'artiste Claude Chantereau lors d'une exposition au pavillon du Verdurier. En la comparant avec l'aquarelle de Paul- Laurent Courtot on se rend compte que la vierge de l'Abau n'est pas à la même hauteur (Point rouge à l'extrémité gauche de l'auberge), qu'elle n'a pas de croix à son sommet, que l'habillage en bois de la niche semble ne plus y être. Est-ce vraiment important, la certitude étant que cette Vierge de l'Abau a bel et bien existée.
---------------------------------
Au début du XIXe siècle, le port du Naveix est encore en pleine activité ; celle-ci toutefois reste difficilement quantifiable dans la mesure où l’on ne dispose plus aujourd’hui que de documents d’archive épars. Une source toutefois mérite attention même si elle présente des limites, ce sont les bordereaux d’enregistrement de flottage.
Ceux-ci sont relativement bien tenus à partir de l’année 1802 (premier bordereau le 26 mars 1792 mais série perdue de cette date à 1801 compris) même s’il y a des lacunes. Elles constituent une source essentielle dans la mesure où elles fournissent en quelques lignes une multitude de renseignements ; on y trouve une date, précise, le nom du commanditaire, les ruisseaux et rivières qui sont concernés par un flottage, les communes de provenance du bois ainsi que les quantités estimées par convoi. Si l’on tente une approche quantitative par décennie, il est clair que le phénomène d’approvisionnement en bois à brûler de la ville de Limoges par le port du Naveix ne cesse de prendre de l’importance et ce dans des proportions considérables. De 1802 à 1810, environ 135 000 stères de bois de chauffe sont entrés au port, de 1811 à 1820, on en compte 267 000 et un sondage dans les sources disponibles à l’heure actuelle pour les années 1821 à 1830 indique 879 000 stères.
La montée en puissance de l’entrée des bois en ville, corrélative au développement industriel de la ville, est spectaculaire et mérite que le dossier de recherche se poursuive non plus tant dans l’approvisionnement lui-même que sur la question des prélèvements en amont. Pour ce qui est de la consommation et avant que l’on ne dépouille les registres des fabriques de porcelaines elles-mêmes dans le détail pour avoir une idée précise de leur consommation annuelle, nous disposons d’ores et déjà de quelques ordres de grandeur, soit pour un moment donné (cf. supra les chiffres fournis par Jean-Pierre Delhoume pour l’année 1808) soit pour un secteur spécifique. Les fours des porcelainiers, par exemple, sont de très gros consommateurs de bois au début du XIXe siècle.
Chacun d’eux brûle en moyenne, chaque année, cent abaux de bois [un abal est égal à 16 stères] – calcul résultant d’une expertise demandée par la ville pour exempter de droit d’octroi les bûches destinées aux usines qui s’agrandissent alors et multiplient les fours, créant ainsi des emplois et contribuant au dynamisme industriel de la ville – et on peut estimer alors la consommation totale des usines de porcelaine à 1 200 abaux de bois par an, ce qui est confirmé par une estimation du conseil municipal de la ville en 1830 alors que les édiles s’apprêtent à réduire une nouvelle fois les droits d’octroi.
Mais tout le bois ne part pas directement vers les grandes fabriques et l’on voudrait terminer sur ce point moins connu. Il existe un flux secondaire de bois vers un marché individuel qui transparaît dans les pièces comptables du port et dans les rapports de police et nous éclaire sur la consommation des particuliers et des artisans.
Le bois empilé sur l’aire qui lui est allouée au port est de quatre catégories : les bois dits de « planches », ceux dit de « colonne », les bois de charpente et des bois à brûler. Ces derniers constituent 90 % du tout. Une partie est enlevée dans la nuit et acheminée par des charrettes bouvières vers l’intérieur de la ville. Ces consommateurs domestiques ne sont pas connus pour l’instant ; on peut penser qu’il s’agissait d’habitants venant s’approvisionner en petite quantité en bois de fourneaux et de cheminée.
Les commerçants et artisans ont en effet leur propre circuit d’approvisionnement comme les bouchers par exemple qui se procurent du bois lors de grands marchés installés au champ de foire, devant la prison. Ce bois ne vient pas du port du Naveix mais de la périphérie de la ville, il s’agit de longues perches acheminées par des charrettes et vendues probablement en bloc puisque celles-ci ne sont pas déchargées. Source de cet article, L’approvisionnement en bois de Limoges au XIXe siècle. Le port du Naveix, premiers résultats et éléments de recherche (Pascal Plas)